Je.
Le roc pourpre, violacée. Les éclaboussures de vert. Le lac glacé.
Le grand chêne et les hortensias.
Un vol de corbeaux dans la mémoire.
Je parle à la pierre.
Voile de pierre.
Tresses de lave, corps noueux, noué.
Je suis larme de pierre.
Je suis glacée dans l'eau de lave.
Glacée dans l'eau du ciel.
Statique et imminente.
Je ne veux plus sentir, ressentir.
Confondue.
Je veux être la géante de pierre, le feu palpitant au coeur.
Le sang d'étoiles.
Je suis larme de pierre.
Ils sont dans les flammes.
Je veux quitter ce feu là.
Je suis larme de pierre.
Il revient de tout son être.
Il est là, il n'est jamais parti.
Les pétales s'ouvrent autour de lui.
Un après l'autre, en constance, en milliards de rayons.
Je veux être silence.
J'ai de nouveau 10 ans.
Je suis dans ses bras.
Corps montagne. Corps de feu. Feu qui danse.
Je veux quitter les mauvaises flammes, j'ai 10 ans.
Je veux le feu des étoiles dans le coeur de la pierre.
J'entends un cri, un cri déchirant.
Un cri loin dans l'opacité de la plus sombre des nuits.
Une douleur violente.
A faire éclater la vie même.
Il est là, ils sont là.
Sphères de vies. Cellules d'un corps immense.
Bras sûrs. Bras tendus, infiniment.
Je suis larme de pierre.
Fissurée.
Fondue dans la lave.
Dans le sang de la terre.
Au coeur du cratère.
La douleur aussi puissante que la lueur.
Je veux avoir toujours 10 ans, en dedans.
Que tout le reste me quitte.
Qu'un autre voile tombe.
Je suis une goutte dans le lac glacé.
Un manteau de flocons dans le matin bleuté.
Plus tard, l'odeur de chair brulée.
Plus tard, les larmes, la fuite du temps.
La vie éphémère.
La vie au delà depuis une aube rouge, emplissant tout l'espace.
Son corps consumé.
J'ai mal.
Pourtant sereine.
Si lui s'en va, comment moi je peux rester.
Sa peau consumée me rappelle ma propre peau.
Il me ramène à mon corps que je rejette.
A ce corps que j'embrasse lorsque je remonte au delà de sa présence au monde.
Avant sa présence au monde.
Roue blanche.
Lumière et poussière.
Je veux rester larme de pierre.
Je ne veux pas qu'il me quitte.
Je dois cesser de penser.
Les mains qui tremblent.
Je ne peux pas m'empêcher d'être en colère, submergée par tout le chemin qu'il a parcouru, jusqu'où il est allé.
Tout ce qu'il est.
Roue blanche.
Je peux sourire au travers des larmes.
Le dégoût revient par vague.
C'est son éclat suspendu que je ne veux pas quitter.
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