vendredi 8 mars 2013

Femme - maison



 Je m'étire à la cime des cryptomérias
Les poumons pleins
Sous l'aile du vent
A ne jamais cesser de caresser du regard les sommets qui m'abritent
En pensant chaque jour au vol du papangue
A vouloir prendre mon envol
A flirter avec les nuages    

Je m'étire à la cime des cryptomérias
Mon lit est celui de l'eau
Jonchée de feuilles mortes, de feuilles où l'eau glisse, de couleurs de feu tapies sous la mousse

Ma maison est ouverte
Ma maison est à la croisée des sentiers
Quelque part entre les arbres
Depuis les troncs jusqu'aux lattes longues sur lesquelles je glisse en savourant chaque heure du jour
Guettant le soir tendre, où la fraicheur s'élève à tout embrumer
Lovée dans le crépitement des flammes

Ma maison est ouverte
Elle attend
Les passages, les chemins, les histoires, les lendemains

Le partage, le pain de la route, les graines qui poussent  

Je m'endors sur des champs de bataille entre deux forêts voisines
Je m'endors sur les pierres encore chaudes de soleil où des pieds nus ont soulagés leurs pas

Je m'endors dans les bas ce soir
Je cherche le bruit de l'eau
L'embrun
Les étoiles

Là où j'ai laissé mon tatami, mon futon
Au creux du pin qui sent encore fort
A attendre demain la venue de ma grand mère
La seule de sa fratrie à être née ici
Les autres à Madagascar
Tsilaosa plein la tête
Devalant encore dans tout mon corps
A chercher l'eau glacée qui ne s'écoule plus que par la tuyauterie
Les pieds sur un bois étrangement étranger
Légère
J'attends les quelques jours qui viennent
Où mon futon va recevoir
Où mes mains vont parcourir
Mes mains effacées 
D'autres histoires
En espérant insuffler un peu d'air pur de là haut

J'attends sans attendre
C'est au delà

Beyond...

Je suis restée dans la puissance odeur de sève
Dans le matin jamais le même
En couleurs éclaboussées sur la terre noire, marrone, rouge
Feu et verte
Jamais la même

Ma maison est ouverte
J'ai peur de m'attacher trop fort
De sentir mes racines
De m'y prendre
De vouloir laisser les araignées prendre la place

Marcher encore

Je suis toujours arrivée ici

A toucher le ciel du bout des doigts
Le corps étendu vers le soleil
Fondue dans la roche palpitante
Même verdoyante
Même lézardée de cascades folles
Abritée sous des milliards de gouttes en mouvement

Je me demande
Le parfum de la terre
La force du vent
Là haut
Là bas
Quand l'arc-en-ciel
Quand la neige

Fondre et disparaitre dans la terre

Fondre

Le sable est du verre
Je m'enfonce dans les transparences
D'eau
De vent

Ouverte
ma maison






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