Les mois ont filé, et je ne me suis rendue compte de rien.
Il y a des silences bien plus fracassants que toute parole.
Un simple regard peut dire davantage qu'aucun mot ne pourrait le faire.
J'ai tenté de réfléchir la trace, la transmission.
Je n'avais ni le goût ni ne ressentait la nécessité d'ouvrir la bouche.
Laisser ça à d'autres. Écouter le silence en dedans.
Être l'espace du silence.
J'ai voulu retourner à l'origine du souffle.
Après avoir couru à perdre haleine, poursuivie par une ombre grossissante, j'ai appris à respirer de nouveau.
Par le ventre, par la racine, par le son dans tout le corps.
Comme avant.
Il a fallu de longues heures de remous entre les plages de calme total et d'apaisement.
Difficile d'exprimer la douleur d'années accumulées pour quelqu'un déjà consciente très jeune de ce qu'elle projetait déjà, de ce qu'elle savait déjà sûr.
Arrivée à un point, regarder en arrière, et avoir la sensation d'avoir toujours su.
Retrouver les gestes, les positions.
Aller repousser la douleur au delà de l'étirement.
Balayer toute pensée par le souffle, et laisser aller.
Pendant une semaine intense, j'ai voulu reprendre tout mon corps.
Reprendre souffle.
Au bout d'heures de méditation et de yoga, de bouillon clair, de thé vert, de respirations profondes et de quête de silence... je suis arrivée à l'évidence.
Dans les tourbillons d'un océan sombre, des gouttes vertes et bleues.
Jusqu'au fond des abysses.
Lumière dans l'obscurité.
Créatures fantastiques serpentines, à la peau grise, aux dents acérés, dans l'eau noire.
Les voir disparaitre dans un tourbillon.
Sans crainte.
C'est le ciel entier, des galaxies que je vois naitre et mourir.
Assise sur une roche de lave léchée par les vagues, avec lui...
Je sais que je dois revenir, je touche déjà la pierre.
Il est au dessus de l'eau, assis, il me regarde.
Je voudrai ne jamais le quitter, je voudrai disparaître sous son regard.
Je les attendu tellement longtemps.
Je suis sur le chemin de la maison.
Au portail, prêt du mûrier, il est là, vêtu de blanc, mouillé de la tête aux pieds.
Je souris. Je sais que je suis avec lui. Je ne le quitte pas vraiment.
Il ne s'en va pas.
Je me vois en lui, me vêtir.
Il y a cette fumée noire que je veux voir disparaitre.
Je sais que je ne dois pas avoir peur.
Je ne pense qu'à le porter aussi que mon coeur le permet.
A m'y tenir, à me tenir à cette hauteur.
Lorsque je me suis réveillée, je n'ai pas pu faire autrement qu'exploser en larmes.
Mon coeur est ampli de flammes.
Depuis, j'avance comme il me porte.
En me sentant bien trop faible, bien trop fragile parfois.
Puis je retourne à la terre, je retourne à l'eau, je refais le serment de la montagne.
Alors tout s'éclaire.
Je ne suis ni meilleure ni pire.
J'apprends toujours à être.
Je suis la louve dans la forêt.
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