jeudi 13 décembre 2012

Le nimbe d'angoisse du kaki



C'est une chose étrange à expliquer. Ça m'est difficile à comprendre moi même.
Il y a ancrée en moi une émotion sombre liée à ce fruit. 

La dernière fois que j'en ai mangé, j'avais 12 ou 13 ans. 
On nous en donnait parfois à la cantine du collège le midi.

Ça n'est pas que je n'en aime pas la saveur.
J'ai refusé d'en manger depuis.

Je me souviens de ma surprise. Je n'en avais jamais vu auparavant.
J'ai toujours adoré les fruits; depuis l'enfance, je détache ce que je trouve des branches pour y goûter. 
Je garde intact chaque souvenir, chaque bouchée, sous les arbres. 

Ce fruit là, je n'avais jamais vu le tronc qui l'avait porté.
Je n'avais pas effleuré l'écorce de l'arbre ni senti son parfum. 
Sa couleur m'attirait.
Mais il y avait une sensation étrange en moi.
Quelque chose que je peux encore ressentir maintenant. 
Un sentiment de panique. 
Une impression de suffoquer. 
Un genre de bouffée d'angoisse incongrue.
Une tristesse sinueuse qui dévale dans tout le corps.

Je m'en souviens comme si j'y étais encore.

Ça n'est qu'un fruit.

Pourtant, lorsque j'en voyais sur les étales des années après, 
pas même un instant je n'ai pensé en acheter. 

C'est curieux à dire. 
Ça n'est qu'un fruit. 

Sa peau lisse me rappelle celle des tomates. 
J'aimai croquer des tomates souvent. Des longues. Des toutes petites rondes. 
La déclinaison de jaune vibrant et d'orange sombre me captive toujours. 
La manière dont le fruit pèse dans la main.
Cette impression qu'il y a quelque chose à l'intérieur, une pesante légèreté. 
La maturité déconcertante pour moi qui mangeait quasiment tous les fruits verts et acidulés.

Je me rappelle avoir porté à ma bouche un kaki bien mûr. 
La saveur très douce.
Les tous petits grains de couleur brune de la chair, comme des traces de vanille. 
Et c'est là que le choc remonte.
C'est la chair plus que le fruit. 
Quelque chose lié au goût peut être.
Cette absence de graines...
Une pression qui part de l'intérieur et qui m'empêche de respirer. 
Rien à voir avec une allergie.
Un brouillard.
L'idée bien trop palpable que le fruit cache quelque chose prêt à surgir.

Ça peut paraître ridicule mais j'ai été courageuse hier.
Simplement en saisissant 2 kakis, pas suffisamment mûrs, et en les enfournant dans mon panier. 

Je voudrais comprendre, saisir ce fil sombre qui m'attache à ce fruit, s'enroule autour de moi et me renvoie à des profondeurs informulables.
Une sorte de secret enfoui en moi qui me scelle les lèvres.




Confiture sirupeuse de Kaki à la badiane, au gingembre et à la vanille


 Avec 3 c. à soupe de miel de fleurs de forêt
3 c. à soupe de sirop de riz
1/3 du poids du kaki en sucre de canne roux
et un autre 1/3 de sucre de canne roux plus tard


D'abord, un genre de sirop, avec un peu d'eau


 1/8 tout juste du fruit réservé


 1 petite pointe de vanille et la badiane à faire infuser


feu doux


je mixe bien en ajoutant la pulpe d'1/2 kaki frais
je remets à cuire avec le 2eme 1/3 de sucre et une lamelle de gingembre
je rajoute de l'eau, pour allonger la cuisson, et que ça ne colore pas trop vite ni ne brûle
disons 2/3 du poids total en eau à peu prêt

lorsque ça a bien réduit, je rajoute les lamelles mises de côté
je laisse encore un peu réduire en veillant à ce que ça n'attache pas
je cherche un mi chemin entre la confiture et le sirop
donc collant mais un peu coulant quand même



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