dimanche 16 décembre 2012

Le - toujours délicieux - thé du dimanche


Une fournée de biscuits noisette-châtaignes en forme de flocons
Une partie glacés avec de la pâte d'amande 

J'emporte également mes biscuits au gingembre et je rejoins la joyeuse troupe chez ma voisine préférée   


De la citronnelle du jardin pour ces demoiselles






Dessous l'arbre immense que je ne cesse de m’émerveiller à chaque fois que je profite de la fraîcheur de son ombre
De toutes petites feuilles drôlement ordonnées
Un branchage qui s'étend quasiment parallèle au sol
On jurerait un bonsaï géant







Le frangipanier qui donne ses dernières fleurs 








Une seconde fournée, avec sirop de riz et noix de coco à mi cuisson 
C'est de l'émotion pour moi ces biscuits
Ma fille est née en janvier, premiers flocons de neige de l'hiver à Paris le jour de sa naissance
Je me réchauffais à la soupe de potimarron, châtaignes, lait de coco et curry
avec du riz...
Version douceur biscuitée ici 
Je suis chamboulée en me disant qu'elle va avoir 4 ans
Elle commence à dorer mon joli flocon
Et c'est moi qui fond













Et les miettes pour les oiseaux gourmands









Petite lady sauvage aux pieds nus
La digne fille de sa mère...





On attrape les nuages quand le soleil se couche


Si ça n'est pas le bonheur...
Pas une journée où je remercies la vie
Malgré les montagnes russes du quotidien loin d'être tout calme et tout lisse
Il y a cette nature, ces moments précieux 
Loin de l'inhumain
Comme des bulles d'oxygène pur sur une planète où l'air se fait rare
A parfois hyper-ventiler dans l'ici et maintenant 
Tellement respirer est incroyable 

J'aime être de nouveau la petite fille qui voyait son île comme un jardin
Où les oiseaux avaient la priorité pour déguster les fruits
On ne vit pas comme les autres lorsqu'on a connu les vents fous des cyclones qui arrachent les arbres
Les averses qui creusent les routes et les ravines qui débordent 
On ne marche pas sur le même sol que les autres
lorsqu'on a connu le ciel rouge, la lune rouge, le soleil rouge
et la lave noire encore fumante sous les pieds 






samedi 15 décembre 2012

Rêve d'un dragon du feu et d'un dragon de l'eau emmêlés

Un matin humide, un ciel pur, sans nuage
Sauf quelques traînées cotonneuses qui s'effilent à l'horizon
Un ciel un rien rosé, encore bleu sombre
Tout doucement délavé
Pas un bruit de pas ni de voix
Les oiseaux qui s'éveillent, la mer à peine agitée 
Juste assez pour venir jusqu'à mon pied, le temps de finir mon asana 
Un rien de magie en relevant la poitrine
Les premiers rayons de soleil derrière la colline 
La douceur du matin avant la chaleur écrasante
La fraîcheur du sable sous les pieds 
Comme un devoir, mon réveil 
Un besoin intense
Un oeil sur mon enfant qui dort encore avant de prendre le vélo
La tendresse infinie de ce moment là 
Tout son petit corps apaisé 
 La course rapide mais étirée 
Le marché qui s'installe à peine 
Matinale 
Les couleurs qui apparaissent sur les étales 
Juste le temps de prendre quelques légumes frais 
De goûter au soleil encore caressant 
Cuisiner et guetter le réveil de ma princesse dévoreuse de Pitaya 

J'ai les paumes de mains enflammées


Soupe d'asperges , wakame et coriandre au siave



Envie terrible de curry bien relevé 
Poivron rouge à peine sauté sauce sucrée pimenté déglacée vinaigre de riz au gingembre 
Carotte mi-fondante sauce beurre de cacahuète, gingembre et siave 
Chou rouge sauté au siave pour crustacés 
Curry de pomme de terre au lait de coco (avec sa dose de piment rouge...)



Chouchou sauté huile de sésame, siave et coriandre 
Côtes de blettes sautées siave et un peu de ma confiture de kaki... 
Côtes de brèdes Pet-Saï siave, huile de noix et wazabi
Les feuilles de blettes et de brèdes hâchées, genre nouilles végétales, siave et algues
Aubergine au four sauce siave/huile de sésame/sirop de riz et graines


Le Pitaya
Premier Fruit du Dragon de la saison
Délicieusement fleuri et gorgé de jus


A La Réunion, on l'appelle Raquette tortue 
Il n'y a que depuis peu qu'on l'a vu apparaître sur les marchés 
Avant, c'était les tortues qui se régalaient des feuilles de la plante qui leur étaient réservées 

vendredi 14 décembre 2012

Conscience du corps

C'est revenu du fond des battements de coeur.
Dans chaque cycle de sang.
Dans la profondeur de chaque muscle.
En silence. Murmures. Vrombissements.
L'impossibilité d'étouffer le jaillissement.
La nécessité de l'immobile. Aussi.
Le contact des plantes de pieds avec le sol.
La poitrine qui se soulève en se remplissant.
Toujours plus loin.
Un certain culte de la lenteur.
Réveiller le corps.
Ré-apprivoiser la gravité.
Respirer de nouveau.
Aller en courant chercher la toute jeune fille sur le parquet.
S’asseoir en dedans.
Les yeux clos.
C'est dans le corps.
C'est dans tout mon corps.
C'est l'espace que j'habite.
C'est là où je m'efface.
Je cherche la tension, la dynamique.
Ce que mon corps me demande.
La torsion.
Le soulèvement.
Le développé.
Le relâché.
L'impulsion juste.
La vitesse.
L'amont.
L'en dedans.
Le muscle.
Le corps au service du mouvement juste.
Aller travailler plus loin encore le muscle.
Pour le mouvement juste.
Le rythme.
Ce que mon corps dit.
Ce qu'il me reste à dire.
Vouloir le vent sous la peau.
L'eau dans les bras.
La terre dans les jambes.
Le feu dans les mains.
La circulation.
Quelque part en moi, une pierre.
Une goutte.
Un sol aride où l'averse explose.
Les remontées de poussière.
Le culte de la lenteur.
Au delà du mouvement.
Jusqu'au bout de l'étirement.
Et savourer davantage encore la dynamique.

Je recommence tout juste.
Mon corps n'a pas oublié.
J'ai un cri qui me secoue encore, dans tout le corps.
Un cri sourd.
Un silence.
Un espace blanc.
Le temps s'arrête.

De la nécessité d'habiter pleinement l'espace de mon corps.


jeudi 13 décembre 2012

Jour de vent. Comme en hiver.


 Bouillon cresson - algues - poireau - siave



Chou rouge poêlé avec huile de noix et siave pour crustacés, graines de courge
Poivron rouge poêlé avec sauce pimentée sucrée déglacé au vinaigre de riz
Fenouil  poêlé avec ume su et siave avec ajout de gingembre vinaigré et de piment rouge séché



Aubergine caramélisée en rondelles cuites au four avec un mélange siave/sirop de riz/huile de sésame sur le dessus 
(1 c. à café par rondelle) saupoudrée d'un mélange de graines 
Shiitakes macérés dans le miel et le curcuma sautés avec du poireau, une c. à c. de ma confiture de kaki, déglacé au vinaigre de riz
Feuilles de brèdes Pet-Sai hachées, flocons de soja et flocons de riz - lait de coco, curry et siave
Branches de brèdes Pet-Sai sautées avec siave et huile de sésame

Plutôt un gazon de riz...voire piton selon l’appétit



gelée à base de confiture de tangor au gingembre
lamelles de mangue josé et de kaki frais prises à l'intérieur
avec un délicieux thé vert fleur de cerisier/graines de tournesol/vanille

Le nimbe d'angoisse du kaki



C'est une chose étrange à expliquer. Ça m'est difficile à comprendre moi même.
Il y a ancrée en moi une émotion sombre liée à ce fruit. 

La dernière fois que j'en ai mangé, j'avais 12 ou 13 ans. 
On nous en donnait parfois à la cantine du collège le midi.

Ça n'est pas que je n'en aime pas la saveur.
J'ai refusé d'en manger depuis.

Je me souviens de ma surprise. Je n'en avais jamais vu auparavant.
J'ai toujours adoré les fruits; depuis l'enfance, je détache ce que je trouve des branches pour y goûter. 
Je garde intact chaque souvenir, chaque bouchée, sous les arbres. 

Ce fruit là, je n'avais jamais vu le tronc qui l'avait porté.
Je n'avais pas effleuré l'écorce de l'arbre ni senti son parfum. 
Sa couleur m'attirait.
Mais il y avait une sensation étrange en moi.
Quelque chose que je peux encore ressentir maintenant. 
Un sentiment de panique. 
Une impression de suffoquer. 
Un genre de bouffée d'angoisse incongrue.
Une tristesse sinueuse qui dévale dans tout le corps.

Je m'en souviens comme si j'y étais encore.

Ça n'est qu'un fruit.

Pourtant, lorsque j'en voyais sur les étales des années après, 
pas même un instant je n'ai pensé en acheter. 

C'est curieux à dire. 
Ça n'est qu'un fruit. 

Sa peau lisse me rappelle celle des tomates. 
J'aimai croquer des tomates souvent. Des longues. Des toutes petites rondes. 
La déclinaison de jaune vibrant et d'orange sombre me captive toujours. 
La manière dont le fruit pèse dans la main.
Cette impression qu'il y a quelque chose à l'intérieur, une pesante légèreté. 
La maturité déconcertante pour moi qui mangeait quasiment tous les fruits verts et acidulés.

Je me rappelle avoir porté à ma bouche un kaki bien mûr. 
La saveur très douce.
Les tous petits grains de couleur brune de la chair, comme des traces de vanille. 
Et c'est là que le choc remonte.
C'est la chair plus que le fruit. 
Quelque chose lié au goût peut être.
Cette absence de graines...
Une pression qui part de l'intérieur et qui m'empêche de respirer. 
Rien à voir avec une allergie.
Un brouillard.
L'idée bien trop palpable que le fruit cache quelque chose prêt à surgir.

Ça peut paraître ridicule mais j'ai été courageuse hier.
Simplement en saisissant 2 kakis, pas suffisamment mûrs, et en les enfournant dans mon panier. 

Je voudrais comprendre, saisir ce fil sombre qui m'attache à ce fruit, s'enroule autour de moi et me renvoie à des profondeurs informulables.
Une sorte de secret enfoui en moi qui me scelle les lèvres.




Confiture sirupeuse de Kaki à la badiane, au gingembre et à la vanille


 Avec 3 c. à soupe de miel de fleurs de forêt
3 c. à soupe de sirop de riz
1/3 du poids du kaki en sucre de canne roux
et un autre 1/3 de sucre de canne roux plus tard


D'abord, un genre de sirop, avec un peu d'eau


 1/8 tout juste du fruit réservé


 1 petite pointe de vanille et la badiane à faire infuser


feu doux


je mixe bien en ajoutant la pulpe d'1/2 kaki frais
je remets à cuire avec le 2eme 1/3 de sucre et une lamelle de gingembre
je rajoute de l'eau, pour allonger la cuisson, et que ça ne colore pas trop vite ni ne brûle
disons 2/3 du poids total en eau à peu prêt

lorsque ça a bien réduit, je rajoute les lamelles mises de côté
je laisse encore un peu réduire en veillant à ce que ça n'attache pas
je cherche un mi chemin entre la confiture et le sirop
donc collant mais un peu coulant quand même



Délices ascétiques, délices terrestres

" Maints idéogrammes sino-japonais gardent encore la trace du dessin primitif où chaque concept était représenté à l'aide de figurines simplifiées:
dans la montagne, on voit les cimes, dans le riz les épis, dans la main les doigts, dans le cheval les jambes, dans la chèvre les cornes, dans le poisson les écailles, dans le char les roues, dans la maison le toit. Parfois des idées étranges ou émouvantes naissent des premières combinaisons élémentaires; une femme sous un toit signifie paix, tranquillité; le coeur à la fenêtre est l'anxiété; l'amour est le fil du discours autour du coeur; le mystère c'est le dragon au clair de lune; la solitude poétique, l'eau dans la forêt; la parole unie au travail signifie désorganisation, tandis que le fleuve de mots est l'enseignement. Le plus beau de tous est yasumi, repos: un homme et un arbre. Quel sublime poète pensa à symboliser le concept en unissant l'être le plus inquiet et le plus tourmenté de la création au plus stable et au plus sage? "

In Japon par Fosco Maraini
(p. 227-228)


Malice

"Maman, je veux te dire un secret"
Chuchote
"Maman!"
"Je t'aime très fort dans les étoiles"



Humeur: Vanessa Paradis - Bliss

Un petit grain de pluie

Les yeux ouverts puis refermés un peu plus longtemps.
J'ai manqué de peu le lever du jour ce matin.
Reste encore suffisamment de temps pour apprécier le calme infini sur la plage.
Quasiment personne, les nuages lourds qui descendent sur la côte, cachant encore le soleil.
La houle forte qui fait des remous sur le bord. 
Le sentiment puissant renouvelé chaque jour d'être simplement vivante. 

Juste le temps de savourer mon yoga et ma méditation que la pluie commence à tomber.
Juste derrière mes pas pour rentrer.
Juste après le cardinal de feu qui se pose pour venir m'accueillir devant la cuisine.
Juste lorsque ma fille se réveille et me donne toute la chaleur de son petit corps en se lovant dans mes bras. 

Une suspension douce.

Un matin loin d'être gris, un matin d'explosion de couleurs.
Un sourire qui s'est étiré dans mon corps tout le long du jour. 
Depuis les yeux ouverts en regardant l'horizon à ma fille assise avec un livre pendant que je cuisine.
De la soupe et la galette de riz avalée en vitesse avant d'aller à l'école jusqu'à la barre au sol d'1h qui m'a laissé un goût de pas assez. 
De mes doigts dans ses cheveux à sa main dans la mienne. 
Une tendresse immense, un cocon d'enfance, jour de pluie.
J'ai encore le goût de bon nombre d'averse dans la tête.
La saveur de ravine en crue.
Les bassins à l'eau renouvelée.
Les flaques creusant les chemins de sable.




Demain, jour de marché et quête de miso
En attendant
Soupe cresson - brèdes Mafane - algues - coriandre - siave 

Galette de riz avec mix pâte de piment rouge et beurre de cacahuète 
et deux belles feuilles de salade verte bien croquantes



Le temps de quitter ma fille et de boire un thé vert
Apprécier d'avoir le temps pour le prendre
Prendre le temps de manger

Je ne sais pas ce que j'aime le mieux
Cuisiner
ou manger



Petits pois au wasabi 
Courgette curry au lait de coco 
Chouchou poêlé huile de sésame et siave avec quelques graines de courge
Carotte et Shiitake colorés avec gingembre mangue, sirop de riz et ume su

J'apprécie particulièrement le croquant et le jeu avec les saveurs
(les couleurs aussi, j'avoue)



Envie de mangue verte au piment
Mais mangues mûres sous la main
Alors mange josé en lamelles 
ume su, tour de poivre 5 baies et gingembre vinaigré



Et finalement une salade
J'avais très envie que ça croque ce matin
Il me manquait le radis noir 
Salade verte, poivron vert, pomme verte, une tomate cerise jaune 
Le tout saupoudré de flocons de soja, de graines et d'algues 
Sauce à base d'huile de noix, d'un mix vinaigre de riz et de citron galet, et du siave


Sur la liste du marché, certainement des brédes Pet-saï, puis d'autres
Du Jacques si j'en trouve mûr
Du fruit à pain un peu
Des mangues carottes
Du radis noir, du concombre et les choses habituelles
L'indispensable coriandre et le basilic
De la citronnelle... celle du jardin est trop jeune
Et plein de citrons galets, de tangors et de tamarins
J'ai envie de gelée acidulée
Des acras de songe dans un coin de la tête
Voir des beignets d'aubergine

Un petit grain de pluie - Y farine