dimanche 23 juin 2013

Mon Eden - Au bord du bassin



Suiren ya kikioboe aru mizu no shigo 

Nénuphars -
Les chuchotis de l'eau
me reviennent. 

Sonoko Nakamura 
(1913 - 2001)




Haïku écrit de bas en haut
Du fond vers la surface en somme


Le bassin de lave était mangé de mousse. 
Chaque pierre tenait avec la suivante par un joint de chaux blanc. 
Une multitude de petites bulles ouvertes.
Un tapis vert épais. 
Les lézardes sur la pierre. 
A côté de l'escalier qui mène au jardin. 
Le temps suspendu les doigts roulant sur la douceur de mousse humide. 
Le creux de la main vide des miettes données aux carpes, face à la roseraie que je n'ai jamais vraiment aimé. 
C'est à dire que j'ai toujours été fasciné par les soins qu'apporter ma grand mère à son jardin, mais je n'ai jamais vraiment aimé les roses.
Mon regard déjà ailleurs, de l'autre côté de la route, où les cannes à sucre pliées sous le vent, jusqu'à l'océan. 
Loin de l'autre côté de la clôture, après la petite serre d'orchidées, recouverte de lianes de jade, lourdes grappes bleu turquoise adorées. 
Là où l'humidité tropicale fait remontée les odeurs de la terre. 
Il n'y a plus qu'un cercle jaunie dans le jardin maintenant. 




samedi 22 juin 2013

Mon Eden - Le cercle de lave



Il y a ces jours où le bassin circulaire de mon enfance me manque.
L'eau verdâtre, l'odeur mousseuse, les surgissements depuis le fond à la surface.
Comme des nuées traversant l'espace obscur.
Un morceau de ciel.
La nuit et la lune en éclats. 
Il y avait quelque chose d'angoissant et de fascinant à rester prêt du bassin.
J'y repense les larmes aux yeux, la gorge nouée, avec un sourire qui s’éteint au coin des lèvres. 
J'adorai nourrir les carpes. 
Leur empressement pour remonter à la surface, à les toucher du bout des doigts. 
Des apparitions fantomatiques qui devenaient soudainement familières la tête hors de l'eau. 
La porosité de la pierre de lave et les flammes qui glissaient dans le cercle. 
Le coeur palpitant après la longue route jusqu'à Saint Phillipe pour aller voir ma grand mère, à vouloir passer dans le jardin directement. 
Mes premières aquarelles guidées par la main habile de ma grand mére, les orchidées. 
Les sabots de Vénus qu'elle avait choisi dans son jardin pour mes cheveux relevés.
Le vent dans les champs de canne...
Le pamplemoussier de Chine immense recouvert de mousse. 
Les jamalaks et les jameroses au goût de fleur. 
Les cerises côtelées acidulées.

Je ne veux plus parler que de ça. 
Et rester assise, en cherchant sous le pinceau les lignes, comme ma grand mère l'a toujours voulu. 
Entre les plumes pour la calligraphie et l'encre noire.
Toujours depuis les cercles dans l'eau. 

J'ai toujours aimé les plans d'eau.
Les courants. 

Cercle de lave.




jeudi 20 juin 2013

Mon Eden - Phoenix [ Yo wa hoshi to kisou beku ume saki-ni-keri - Amari Oki ]


Etude pour mon bras droit (cover)

Lorsque j'étais enfant, il y avait un pied de jamblon immense dans le jardin. 
L'arbre dépassé la maison de très haut.
A l'époque, nous avions un toit en chaume, puis les odeurs de sciure sont venus envahir les pièces. 
Le vent était dangereux pour notre abri en période cyclonique. 
La saison des pluies c'est aussi la saison des fruits.
Je grimpais sur le toit pour saisir comme je pouvais les branches qui pliaient sous le poids des fruits.
Je me rappelle de l'odeur acidulée, du jus violacé qui tâchait mes doigts et du plaisir immense de déguster la pulpe.
C'était de loin moins arbre préféré dans le jardin.
Je me rappelle avoir essayé d'en faire le tour avec mes bras. 
Impossible de toucher mes doigts. 
La saison des pluies... 
On entendait la houle gonflée l'océan à quelques pas.
Le chemin de sable se remplissait d'eau à faire des flaques immenses où les voitures passées en faisant de terribles éclaboussures boueuses. 
J'aimai les nuages lourds et gris, être sous la pluie et attendre prêt des arbres en guettant les oiseaux qui venaient picorer les fruits. 
Les doigts tâchés de prune. 
Le goût âpre prêt du noyau vert tendre à l'intérieur. 
Ume.



mercredi 19 juin 2013

It seems like a palpitation of fire inside a black plum flower

Close to the sky

Vous avez dit Raviolis?


La pâte au sarrasin sous les doigts
Ça me démangeait
Surtout vu le temps venteux et moi encore bien grippée
(en plus d'adorer ça...)



Farce

- 1 petit bol d'Okara (l'équivalent de la moitié de ce qui me reste de soja pour 1L de lait)
- 2/3 du bol de Baby Corn hachés
- 1/3 du bol de Shiitake hachés
- 2/3 du bol de branches de brédes Pet-Saï hachées
- 1/4 du bol d'Algues (Nori-Dulse-Ulve)

- 1 c. à soupe d'Huile de Sésame
- 1 c. à soupe d'Ail
- 3 c. à soupe de Siave (sauce soja)
- 1 c. à café de Miel de Baies Roses
- 1 petite c. à café d'Ume Sue
(oignon vert / coriandre... selon le goût)

Faire sécher l'Okara et ajouter l'Huile de Sésame.
Laisser dorer un peu.
Ajouter l'Ail, les Shiitake et les Baby Corn, puis les Brédes et le Siave.
Finir avec le Miel dilué dans l'Ume Sue.
Le mélange ne doit pas être trop humide.

J'utilise aussi bien du tofu, lyophilisé ou pas
Mais vu ma consommation de lait de soja... je refuse de jeter l'Okara
Okara qui est aussi délicieuse grillée, bien croustillante
Avec des légumes ou pour un gratin
En sucrée, avec des fruits et des céréales, ça passe tout seul aussi





Une fois la farce prête
J'abaisse ma pâte du post précédent 
Découpage à l'emporte pièce cercle





Un pli pour marquer légèrement le milieu


Un peu de farce


Pli


Je commence à penser au milieu
Jusque chaque bord


Je relève les pointes vers l'intérieur 
Histoire d'avoir de petits plis cholis 
Je montre à plat
Mais je manipule dans la main



Tout juste assez de farce et de pâte 
(ça vous avance bien ne sachant pas la proportion de pâte...)


Je les laisse sécher un peu 
Notez que je n'ai pas humidifié 
Et que mes bords ont séché en craquant puisque plus fins


Pour la Cuisson
C'est à l'eau bouillante
On attend qu'ils remontent
On peut aussi bien les faire cuire dans un bouillon ou une soupe 
Je préfère personnellement





Je tenterai bien un passage au four 
Après cuisson à l'eau 
Avec du poivron rouge un peu fruité, voir un mix avec du jaune
de l'aubergine 
 des oignons
un fond de bouillon
Saupoudré de Gomasio

La cuisson à la poêle n'est pas non plus contre-indiquée :)
















mardi 18 juin 2013

Nouilles fraîches au sarrasin - Soba


Je retourne à une phase nouilles et vapeur intense 
L'hiver rentre, avec le vent, la fraîcheur soir comme matin
Même de la pluie ces derniers jours
C'est particulièrement agréable  

Hier soir donc, j'ai fait ma pâte
Elle se conserve bien en attente au frigo
Enrobée dans un film plastique, et dans une boîte 
Elle ne se dessèche pas, dans le doute, chiffon humide

Pour la confection
Autant de farine de blé que de farine de sarrasin 
J'ai ajouté pour l'occasion un filet d'huile d'olive au basilic 
(j'ai fait des pizzas pour tout le monde en même temps hier soir...) 
Et de l'eau
La pâte doit avoir une consistante entre élastique et molle, mais pas trop 

Je la travaille d'abord dans un saladier
Au début c'est un peu mode crumble sous les doigts
Et j'agglomère avec l'eau doucement 
Jusqu'à former une boule souple 

Je préfère laisser reposer un peu 
Ensuite je farine mon plan de travail 
Et j'assouplis 
Je travaille ma boule à la main comme si j'allais former une galette
Entre les paumes, jusqu'à la taille d'un naan (voir un peu plus large)
Je pose sur le plan de travail
Je replies les bords 
Je reforme une boule que j'écrase
Et je recommence

Pour obtenir les nouilles
Je sors la planche en bambou, le rouleau et le couteau long bien aiguisé 
Je farine ma planche 
Je forme un rectangle entre mes paumes 
Et j'étale 
Je conseille de refariner un peu en court d'étalage
La farine de sarrasin rend la pâte moins élastique, un peu plus sableuse 
Pour que ça aille plus vite
On farine
On plie en 2 ou 3 dans le sens de la longueur
Et on coupe 

Cuisson à l'eau bouillante 
1 à 2 minutes
En les passant sous l'eau froide ensuite 

Ce matin c'était petits légumes verts 
(petits pois, épinards et chouchou en dés)
ail, gingembre
huile de sésame et sauce soja 

En mode bouillon
J'utilise plutôt du miso (le coeur balance souvent entre soja et riz)
J'ai un penchant pour un peu de sauce de prunes 
Et une touche de tamarin pimenté
Avec de la sauce soja évidemment 
Des algues c'est le top
des champignons de préférence 
(pas toujours facile d'en avoir sous la main ici) 
Je dégote assez facilement les Shiitake  
J'avoues avoir du mal sans

Je fais revenir les légumes avant
Selon ce que je trouve 
Avec ail et gingembre
J'ai un faible pour l'huile de sésame et de noisette
Je ne boude pas la noix non plus!
Je recouvre ensuite du bouillon
Ou je mange séparement

De préférence, toujours des brédes 
Selon ce que je trouve 
Que je rajoute ensuite dans le bouillon
Histoire de conserver le croquant
Et avoir une touche verte au goût bien agréable 



Mon Eden [Coeur d'enfant] - Sable

dimanche 16 juin 2013

10. J'ai 10 ans.




Un ange passe aprés l'homme - Interlude

Sur un pont, entre deux rives.
Assise à étudier les détails de l'entrée d'une église. 
Aux portes d'un temple à penser l'eau, les larmes.
Les pieds dans le sable, les cheveux dans le vent glacé.
A l'ombre d'un arbre.
A l'ombre d'un arbre au bord de l'eau.
A l'ombre d'un arbre au dessus de l'eau.
A l'ombre d'un arbre où respirer. 
Un parc, un sous bois.
Une forêt.
Entre les touffes jaunies prêtes à prendre feu des collines asséchées. 
A quelques pas des flammes léchant le métal rouillé d'un grillage penché. 
A perte d'horizon quand le ciel s'emplie de vagues nuageuses et que l'écume blanche s'amasse au pied des côtes noires, soleil rougissant. 
A perte d'horizon, dans le vent glacé. 
Lorsque la pierre blanche palpite jusque dans la chair, en embruns emplissant la poitrine.
En morsures de jour.
En éclaboussures gelées depuis le lac en arrière.
En pas de poussière.
D'étoile en étoile.
En temps long passé à attendre l’inaccessible, et c'est là l'essence même.
Le pouls.
Le souffle. 
Dessous les poutres vieilles d'un atelier calciné. 
A vouloir hors les murs.
Prairies et champs de blé. 
Entre les pages noircies et les livres ouverts puis refermés.
Atteindre l'inaccessible.
Volonté puissante.
S'il avait su l'eau bouillante, la candeur, l'innocence et la pudeur. La maladresse et pourtant... pourtant les gestes sûrs, les mots mesurés. Autant que le temps s'égraine dans le sablier. Pas de poussière. 
J'aurai aimé, retourner au musée, autre regard. 
La ville la nuit et le petit jour, entre gavroche et misérable, ambivalente quand on perçoit l'antique beauté, la passagère, la naufragée, la cavalière, l'incandescente, la sacrifiée. La gitane. Le voile. Les cheveux longs pour couvrir la peau nue et avancer dans le petit jour, la nuque découverte, les mèches perdues pas après pas.
S'il avait su. 
Jamais il n'aurait ri, jamais il n'aurait bu, jusqu'à la lie. 
Je cherche mon corps depuis d'autres temps, toujours d'avant, jamais vieille, et pourtant.
Et l'espace est grand, tout l'espace.
Dedans dehors.


samedi 15 juin 2013

Fête des pères


Le reste du repas est encore à préparer
En attendant je me magne dans la cuisine
Je sors les palets voyageurs :) 
Et les verrines
Une mousse au chocolat noir avec mon pamplemousse confit dedans
L'écorce dessus, la partie blanche dedans 
Un yokan thé vert himalayen/japonais fleur de cerisier, sirop framboise/violette et miel de baies roses
La dernière verrine en cours avec pulpe de framboise au fond qui prend avec l'agar agar
Parfumée à la violette toujours
On a un débat à table à poursuivre 
Le reste de la verrine est en attente pour cause de refroidissement avant d'ajouter de la crème 
J'aurai voulu de la mascarpone 


J'ai commencé plus jeune à faire pour mon père de la mousse au chocolat
Ensuite des tuiles aux amandes
J'ai voulu retrouver la tarte orange/chocolat dans sa cuisine aussi 
Et le pamplemousse reste important pour moi
Souvenirs de parfums et de textures de l'enfance
Sous les mains et le regard d'un ami père pâtissier
Nostalgie...
Et puis... une influence asiatique plus que notable...

Je ne parle même pas de tas de crêpes et de choux à la crème 




Never without my daughter

Quiet Phoenix Now










Il y a de la houle, du vent
Et maintenant que j'ai fini, que je m'apprête à me coucher...
Il pleut
Fraîcheur de l'air
Délivrance

Coeur de Lynx & Cordes Sympathiques dans la neige


Pure As Snow
Besoin d'une cure de Ledon du Groëland pour retrouver l'apaisement
Aussi fragile que ça








Secret Land


Partition et format marine 
Verticales et horizon tremblant au fil de l'eau
Eau et Neige
En chinois








Agni
Petite flamme Petite femme
Feu de la Terre
Pas de poussière 
Les territoires impossibles
Corps de neige 
Peaux brûlées
Flammes vivantes
Les territoires impossibles
Petite flamme
Du plus haut sommet
Au sommet de mon île
Nagas et Neige
Grands Dragons et Ravines
Crues et Décrues
Marées
Le corps est un temple
Petite Femme Petite Flamme 
Vent Froid
Yeshe & Parvati 
Un vieux dragon endormi 
Une vieille histoire de famille
Une île tremblante
Le ventre de l'Inde 
Neige
Corps de neige
Horizon tremblant
Les ponts que l'on traverse à la nuit tombée





L'échelle des territoires impossibles
De l'échelle de bambou 
De la forêt de cryptomérias
J'ai vu les nuages me sourirent dans le vent
Secret Land


J'ai vu... deux enfants joués dans la lumière d'un lac 
Une tortue dans les courants


Une bouteille à la mer
Eau pure
Sublimation










Pêches Marron au centre
Jeu de balles lumineuses 
Pêches Marron
Je regarde Hanuman dans les yeux des lémuriens 
Je cherche le centre à main levée 

Je cherche... l'apaisement dans les eaux gelées 

Articulations
Douche glacée, douceur de coton
Massage à l'huile de jojoba, de noisette, ylang ylang et ravintsara 
Recentrée 

Je cherche le centre
Tilleul Menthe et Miel de Baies Roses



Palets Voyageurs


Finalement, j'ai refait une fournée de mes derniers biscuits qui ont eu du succès
Mais en mode palets à la bretonne 
Une texture bien sableuse 
J'ai ajouté de la levure (1/2 sachet chimique) à ma recette 
15 min à peine à four chaud
Retournés à mi cuisson 
Un bonheur à l'heure du thé
Je réfléchis à les passer dans un dessert pour demain


vendredi 14 juin 2013

Entre Moineau et Lynx au loin...


Toujours aussi dérangeante et inquiétante l'eau qui retourne à la mer
Sans trop savoir quels produits se trouvent dedans...
Je me souviens d'un article plus mensongé tu meurs, à propos de poissons morts, 
retrouvés ventres le soleil à la surface, dans la ravine qui passe sous le pont
Ils ont publié que c'était dû à la chaleur
Des analyses faites par des élèves de ma classe au bahut on prouvait que c'était autre chose

Je me demande souvent jusqu'à quel point les créoles sont pris pour des abrutis
Il y a toujours un peu d'algues, de mousses, de la saleté
Liés au cru et décru, en fonction des pluies 
Et la houle nettoie plus ou moins vite
Mais je doute que ça soit le problème de fond

Alors que j'ai grandi dans l'eau, entre les surfeurs et les pécheurs 
Aujourd'hui, tout juste si on peut se baigner 
Les pécheurs doivent faire avec de plus en plus de mesure 
C'est fou alors qu'ailleurs dans les îles
Et sans chercher loin, Madagascar à côté par exemple
La pêche est plus développée 
Bien sûr on ne touche pas à un lagon aussi jeune et spécial comme ça...
Et alors pour les surfeurs, pas mieux
Les baigneurs sont tout justes informés
Personne n'est à l'abri d'un accident requin 
Je peux oublier le passage de relais 
En mettant ma fille sur une planche...
Je peux toujours lui montrer comment on fait une canne à pêche
Avec du bambou, du fil et un hameçon
et lui apprendre à respecter l'océan
Mais elle ne saura pas comment on sent la vague
ça me donne le bourdon 
au point de repenser davantage aux pays froids 
entre monts verts et eaux gelées 
ça m'a toujours fait rêvé 
Plus jeune, je voulais migrer avec les dauphins et les baleines
Dimanche c'est la fête des pères
Je souris en pensant que lui, son nom, c'est Kerguelen...

Je suis la fiancée de l'eau


et le vent...
le vent dans les voiles


fière de ma terre
celle d'où on ne revient pas
















Banc de sable à la passe de l'Ermitage