Lorsque le jour s’éteint derrière la pierre, que les oiseaux s’ébrouent une dernière fois entre les branches, avant le sommeil, il y a ce battement de coeur qui tremble en moi.
Un silence de fougère. Une étendue vaste et profonde où se mirent les transparences.
L'instant fragile où l'obscurité apparaît si clairement.
Comme un éclair ardent qui va, traversant la poussière, ressuscitant les grains du temps qui glissent et tourbillonnent dans le vent.
C'est un état volontaire, une quintessence, sans un bruissement.
C'est un au delà de soi, un équilibre suspendu à la surface d'un monde poreux.
De flaques en marécages, de pluie fine en rivière, de brouillard en océan.
La limpidité se miroite en rebondissant d'astres en astres.
Et tout est clair.
Soudainement pesant et léger à la fois.
Une harmonie céleste traversée par un corps d'oubli.
Un point d'attraction.
Une manivelle.
Une électrolyse intense et signifiante.
Quid du sujet, quid du maitre?
Les mots n'ont plus raison d'être.
C'est la quête de la juste vibration.
Une eau turbulente et une eau endormie.
Du Ciel et de la Terre.
A perte de vue.
Un fracas des sens aliénant, maintenir l'immobilité dedans.
La forme sans limite, le fond à l'étendue infinie.
Et puis le siège de l'heure et du souffle.
A respirer douloureusement les frontières infranchissables.
La perception d'un désordre de pensées et d'émotions, un brouillard corrosif qui peut ronger jusqu'à la lame la plus sûre.
La difficulté du maintien de l'intention, en se défaisant des peaux qui semblent inhabitées.
Le maintien de l'intention au centre d'autres intentions, à contre sens.
Ce qui me semble comme un murmure au fond d'impasses.
Ce qui me semble un silence vibrant dans l'immensité sûre et sereine.
Femme, tout me traverse.
Femme, je suis siège de la vie.
Univers en construction perpétuel.
Génération et destruction de la matière.
Tous les pans d'émotions, d'histoire, de temps, qui tombent.
Femme, j'accueille, je contemple, j’expérimente la sensation et la pensée que je reçois depuis le monde, depuis tout le monde.
Femme, je veux élever et par la même détruire.
Ma volonté... un espace blanc. Un mouvement qui jaillit depuis là où il va se fondre.
Une absolue nécessité qui me meut, me poussant à ne pas quitter du regard - grand ouvert - celui qui complète et annihile ma nature de femme.
Questionnant ainsi ma place, et par là même, la vie.
En accord avec l'avant et l'après.
En projetant nécessairement le temps.
Au delà de moi même.
Le chemin est long pour trouver l'accord intérieur.
Toute une vie.
Un océan de vies.
Apprendre à quitter l'assise sans peur, pour marcher.
La route est longue.
Les perceptions, les expériences, nombreuses, fascinantes, autant qu'elles peuvent être enrichissantes.
Par le heurt ou par l'harmonie.
Apprendre à tenir à distance le heurt.
Ne pas l'ignorer.
Choisir la sécurité, l'intention de la sécurité.
Se heurter au monde, aux autres.
Aux mouvements divergents.
Aux désaccords.
Maintenir l'équilibre en dedans.
Se questionner au sujet de la peur, de la douleur, de la colère, du dégoût.
Sous-peser chaque maillon.
L'origine de l'émotion, son sujet, sa nécessité.
Quoi en faire.
Comment la diriger.
Etre maître en sa demeure.
Redevenir l'enfant pour être la mère.
Contempler l'enfant.
En chaque être.
Au commencement.
Contempler la femme et l'homme.
L'ombre et la lumière.
Le vide et l’énergie.
Être maître, en ma demeure.
Dans la peur d'être au monde, livrée au monde.
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