Ainsi va le souffle:
en un seul battement de cœur,
se taire et tout dire.
A perte d'horizon,
les cannes se plient et saluent:
prière végétale.
Longues tiges courbées
comme les hommes qui les coupent.
- Douceur de l'effort
Un homme noir d'ébène
étire son cou vers le ciel
- Le fantôme d'un coq
Roue vide de tracteur -
Elle embrasse encore la terre,
doucement: Jardinière
Cercle d'herbes jaunies
où scintille l'esprit des carpes.
Là, fût un bassin.
Parterre de boutons -
Comme ils s'ouvrent, ils se fanent
les pétales fragiles.
Iris gigantesque,
les ailes de ces papillons
collés en cercle.
Trouée de nuages,
un paille-en-queue apparaît.
- Messager solaire.
Écheveau de vent -
Les nuages filent, les cannes tissent
entre ciel et terre.
Une goutte de pluie
rejoint les nappes souterraines;
au bonheur du puits.
Pieds nus sur la mousse
qui mange lentement la dalle noire;
si douce, la fraîcheur.
Appel dans la cuisine -
Le pot de gros sel résiste:
crissement du verre.
Rinçage du riz blanc.
Les doigts ridés de ma tante
et les ondes dans l'eau.
Vapeur de riz cuit.
J'observe le couteau brisé,
sans pointe - Vide tranchant.
Depuis mon poignet,
une minuscule araignée
descend de son fil.
Il apparaît comme
l'ombre s'étire sur les cannes,
le chant des grillons.
Posée sur le sol,
une étoffe de soie pliée
un peu poussiéreuse.
Ma tante m'offre sa robe.
Petits oiseaux, chrysanthèmes,
brodés sur bleu nuit.
Pensées envolées -
Telles l'eau de la casserole
laissée sur le feu.
Dehors une pluie douce -
le métal rougit encore
du second oubli
Deux grues suspendues
semblent vouloir s'en aller.
- Prisonnières d'un cadre
Pluie de fin du jour.
Murmure depuis les gouttières
de fins ruissellements.
Soir de Pleine Lune.
Ma nuque nue éclairée
dans la pénombre.
Dans le vide d'une cage,
j'observe un mandarin blanc
pépiant: Ming. Ming. Ming!
Au delà des murs,
des myriades d'étoiles scintillent.
- J'inspire dans l'espace
Souhaitant être légère,
je tâche de porter mon nom
- Le silence est d'or
Le poids d'un regard:
une renarde à mon chevet
me tire du sommeil.
Éloigné du chœur,
un minuscule insecte
cherche encore son chant.
Écho au soleil,
les sporanges de la fougère -
Délicates lueurs
Rosée matinale.
Sans bruit, un tout jeune grillon
me tient compagnie.
Silence immobile -
Un tabouret pour lui et
un fauteuil pour moi.
Une pluie très fine
fait disparaitre le long champ
de roseaux à sucre.
Fille des colonies
Je laves le sang de mes mains
sous le jamrosier
Une goutte solitaire
perd son corps dans le courant.
Une mue, puis une autre.
Doigts agiles du vent -
Les vacaos s’emmêlent même verts.
Je tiens ma capeline.
Sur la pierre humide,
je dessine une orchidée,
grise entre les gouttes.
A flanc de montagne
passe une immense grue blanche
au corps de nuages.
Parfum entêtant
des roses épineuses. Je fuies
- Effluves de la terre
Sur le sol, mes doigts
cherchent, entre les poils d'une peau,
la tiédeur d'un loup
Hortensias gravés -
La peinture semble faner
dessus le bois sombre
Un salon oublié
cache un service à thé noir
et or poussiéreux
Grands lys rouges brodés
au dessus du canapé.
Légèreté des chaînes.
Longues caresses du vent.
Ma fille chante en dessinant
- Gorgée de thé vert
Aurélie
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