Le lait de soja frais est au frigo, une partie déjà consommée entre le latte parfumé à la cannelle et au sirop d'orgeat, une autre avec un velouté de courgettes/pommes de terre qui fond dans la bouche.
C'est simple comme l'odeur tiède qui réconforte le matin.
Le petit rituel des graines mises a trempé, le bruit agressant du mixeur, et ce bip qui vient comme un second réveil.
L'ouverture qui laisse s'échapper la vapeur douce et légèrement verte.
Le tissu déplié sur la passoire.
Un lange blanc qui a essuyé bien des petites bouches.
Le lait brûlant, les gestes sûrs et mesurés maintenant que j'ai pris le rythme.
Je souris à chaque fois en pensant à la publicité La Laitière.
Saisir les bords plus courts. 4.
Saisir les pointes. 4.
Un tour de main.
Soulever la passoire.
Presser.
La texture du tissu et de l'okara sous la pression.
C'est doux.
Terriblement doux.
Et vient le moment où je me demande ce que je fais de mon soja cuit en purée, en questionnant mon corps sur le salé et le sucré.
Je n'ai pas mon soja, je suis déséquilibrée.
A ne plus manger ni boire comme il faut.
A le chercher quand il n'est pas là.
Le riz n'est jamais trop loin. Tendre. Rassurant.
Les amandes, les noisettes et le coco, toujours en me demandant si j'en ai plus besoin ou envie.
Entre l'eau des rizières et les arbres.
Chat perché.
Monde blanc.
Lait.
J'aime comme ça sonne.
Un parfum d'enfance.
La tiédeur. Le cocon.
La fluidité.
Lait.
Nature.
Variations et nuances selon le végétal.
Lait...
Et puis débat entre crème et bouillon, en sautant par dessus le fromage et le dessert.
Balancer la vaisselle par la fenêtre.
Briser de la porcelaine, de la faïence.
Faire fondre le service en argent.
J'en ai la bouche qui grince.
Grincement de craie et d'ongles sur tableau noir.
Humeur acide.
Citron et tamarin.
Amertume sage.
Pamplemousse.
Envie de litres de jus d'orange et de tangor, de mandarine et de clémentine.
Fraîcheur.
Pomme croquante.
Poire fondante.
Piquant du gingembre.
Petit coeur qui a besoin de rythme sain.
Thé...
Gelée.
Bois. Craquements dans la forêt. Cordes tressées.
Tons légers.
Légers...
Comme la fumée de cigarette qui s'évanouie à chaque bouffée.
Comme les transparences parmi les strates colorées plus fruitées que sucrées.
Comme le bouillon de légumes, le miso jamais loin, en soupirant quand il n'y a plus que le soja et l'orge, accrochée au riz.
Légère.
Comme l'appel du sol.
Châtaignes et pommes de terre.
C'est loin. C'est long le temps.
Route des épices.
Gravité.
Toucher terre.
Enracinée.
Petits champignons aux pieds des arbres et odeur de mousse.
Vieille barbe verte entre les branches.
Jeu d'enfant.
Comme l'écume blanche qui danse sur les bleu gris infinis.
Léger.
Tintement.
Léger.
Brise.
Léger.
Embrun qui monte dans le jour qui tombe.
Douceur de coton et de bambou.
Il faut écouter la sève.
Coeur dedans dehors.
Palpitation sous l'écorce.
Le Chêne liège au chagrin lourd.
Le Cocotier qui lâche une noix.
Bois.
Le Banian en torsades, chevelure et fuseau.
Le Vacoa, précieux...
Pinpin, jeu de graines, sable, poussière, terre, vent, océan.
Tout mon corps dedans.
Séquoia.
Baobab.
Ficus.
Erable.
Un murmure de sous bois...
Je n'ai pas peur de la route.
Fleurs de prunier.
Pêches marron et confiture de lait.
Douceur des nuages en gris bleuté.
Sur le café.
Cacao poudré.
Sucré salé.
Douceur.
Le mot Douceur.
Le rose pâle. Sage. Le vieux rose. Mûre.
Petites tâches jaune orangées.
Pollen et fougères qui dansent dans le vent.
Rayons de miel.
Bourdonnements.
Les mots ont une saveur, une couleur, une vibration.
Douceur.
Lovée dans le cryptoméria, en redescendant dans le vent.
Salines et pierre noire pleine de feu.
Toute épines.
Douceur.
Mimosa.
Jaune d'or.
Jaune de petit jour délavé.
Jaune terreux.
Dans les ocres.
Jaune...
Jaune safran.
Racine et sang.
Miel.
Goyave sucrée.
Jaune fondu dans la nuit profonde.
Indigo.
Jaune.
Jaune point du jour.
Jaune Soleil.
Etoile. Etoiles. Combien d'astres déjà?
Petits points.
Et point.
Éventails ouverts.
Vent...
Puis l'air de rien, envisagé les gris et les roses mélangés.
Commun accord.
Thé fumant, feuilles blanches, et papiers journaux pliés.
Mine grise, stylos feutres noirs glissants, écorchures du Bic accrocheur.
Les doigts tâchés d'encre.
Bambou, pinceaux et cheveux.
Fluide et cotonneux.
C'est rassurant, c'est léger.
Léger...
C'est la pluie sur le verre un peu cassé, un peu fissuré.
C'est la lande verdoyante et le murmure dans la plaine.
La pampa jaune qui passe à l'or sous les gouttes lourdes.
Le feu qui s’éteint.
Un vieux bateau, lointain.
Douceur de lait.
Comme la peau.
Lovée.
Des miettes de biscuits encore tièdes sur le coin de la table basse.
Des miettes par terre.
Sentier minuscule et colonie de fourmis.
Termitière.
Grignoter des lignes, et des lignes, et des lignes.
A perte d'horizon.
Les mains enroulées autour du mugg.
Sans plus tellement cacher que c'est tout chaud dedans dehors.
Léger.
Cotonneux léger.
Un vieux chat gris patapouf sur son coussin recouvert de mailles crochetés.
Les doigts qui glissent vers les bobines.
Quel fil...
Je voudrais bien aller le demander à l'araignée nichée au plafond de mon ancienne cuisine.
Celle qui a tissé sa toile en suspension, en me dressant un voile à cheval sur l'évier.
A moins qu'une copine à longues pattes m'attende quelque part.
Douceur de lait.
Me sentant d'une autre époque.
Brûlant soleil.
Peau fragile.
Fragile.
Toujours aussi terriblement savoureux.
Les hommes...
toujours aussi décevants.
La mesure du temps qui passe
Le couple dans le salon sur un fond d'Amérique du Sud en noir et blanc
Les couleurs, évanouis
L'homme qui tombe
Et ne cessa sa chute
Décevant
Du grand père au père
Désespérément garçonne
Féminité tuée dans l'oeuf
Les hommes sont décevants
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