samedi 20 octobre 2012

Saison des pluies - Réveil

Un parfum d'oubli. Un repos de l'être en équilibre sur un point d'horizon fragile.
Un souffle d'exil. Une quête de sens dans un coin de silence, tapis sous les paupières.
Un murmure, à peine.
Un rejet du monde qui déglutie encore avec peine sa rage et sa douleur, et puis...
serrer le monde jusqu'à disparition complète.
Espérer par là entrevoir le jour qui inonde.
Espérer une averse.
Un dernier fracas de ciel brouillé.
Le corps pesant de nuages en délivrance.
C'est tangible.
Immensément.
Un air du temps qui passe en laissant l'empreinte sûre d'un quotidien un rien rouillé.
Conjuguer.
Mâcher doucement les lettres.
Penser les puits asséchés, les eaux diluviennes et les gorges déployées.
Clore le chapitre, au moins en idée, diluer.
Se laisser porter par l'arbre, feuille tremblante dans le vent.
S'alléger du poids des siècles.
S'alléger de la lourdeur des heures sourdes.
Laisser les champs de bataille en préférant apprivoiser un caillou.
Saisir les derniers brins de nuit qui s'effilent.
Dentelle de jour nouveau sur les eaux sombres.
La tiédeur de draps du matin gris délavé.
Les strates sensibles vibrant sous les doigts.
Émerger du dernier rêve pour aller plonger dans une autre transparence moins brouillonne.
Aller y perdre tout ce qu'il reste de moi même.
Le corail poussière sous mes premiers pas.
Vouloir à l'infini l'indigo et les gris qui s'étirent; enlacés.
Les tresses d'embrun et d'écumes.
Le corps presque nu tout habité de silence.
Rafraîchir ma tête de brouillard et de rosée en devinant les cimes.
Une fragilité de brume toujours en train de se dissiper.
L'attente qui n'en est plus une.
La simplicité de l'origine.
Les pieds nus, le sol humide.
Le délice d'être vivante.
Lorsque chaque mouvement tout autour semble parfaire l'extrême immobilité intérieure.
Que l'esprit contemple, en suspension, l'élégance de la nuit qui s'enfuit.

Mes mains de petit jour, les étoiles qui filent entre mes doigts.

Rituel de jour levant où j'étire mes dernières traces de sommeil dans le courant.
Le coeur palpitant une sorte d'amnésie originelle,
la vague me ramenant à l'état virginal
une fois reposée sur le flanc de mon île.




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