mercredi 24 octobre 2012

Saison des pluies - Bleu

Paupières tremblotantes
Murs nus
Bandes de nuit
Ouverture depuis les yeux clos jusqu'aux pieds qui foulent le sol
Saut du lit
Bleu Abyssal
Pas dans le sable
Corps embrumé
M’asseoir
Goûter la lumière
Étendue de sel
Ciel limpide
Corps liquide
Pas feutrés
Eclat de rire de ma fille
Thé
Savourer
Morceau de sol recyclé
Lame grise
Gris sur bleu
Profond le bleu
Profond le gris
Ciel ouvert
Doigts engourdis
Doigts usés
Pression
Poids dans l'air
Bleu dessous la paupière
Jambes tremblotantes
Partir loin de la mère
Plus de peur
Tout juste la douleur
Le dégoût
Serrer la main de ma fille
Sable
Corps de sable
Bras de vent
Lourd le ciel
Indigo la mer
Loin la nuit en dedans
Lourd le ciel
Gris sombre étendue sur la colline
Jeté à l'océan
Grâce de l'instant
Amère
Douce amère
La place du matin
Assise
Construction de sable de fin de jour à ma place
A peine debout
Moi
A peine debout
C'est là
De sable
Mouvant
Un souffle
Tout s'envole
Petite
Grain de sable
Pression dans la tête
Bleu sous la paupière
Coup porté plus loin que la peau
Avoir voulu disparaître là
Entre les gouttes
Dans les nuances jusqu'à l'horizon
Indigo et gris sombre
Les mains tremblant encore de ce que j'ai dégagé tout l'après midi
Gris le ciel
Gris sombre



Mizu utte nokoru inochi to omoi keri

Toshiko Tonomura

Ame














lundi 22 octobre 2012

Distance

Quand j'aurai pris le temps de tout laisser aller, quelque part entre une gorgée d'eau et un horizon à perte de vue, peut être que les mots m'échapperont.
Comme ça, fluides, ou peut être fracassants.
Ils cherchent de la place pour filer, je le sens bien.

Il faudrait que je cesse de me laisser glisser comme ça, à l'intérieur d'un son cristallin qui prend de l'ampleur en dedans, en étouffant tout ce qui naît de l'ombre.

Il faudrait... pour ça que j'accepte un moment d'ouvrir les paupières et d'écouter un moment ce qu'il brouille mon silence.

Je m'accrochai aux branches.
Je veux dire, vraiment, à la cime, depuis les racines, en remontant sous l'écorce, le coeur fébrile.
Recroquevillée en 8, dans un espace blanc.
Une portion de temps arrêté.
C'est confortable et c'est fragile en même temps.
Aussi léger que du papier de soie.

C'est que je ne suis pas imperméable.


Je n'aime pas les brouilleurs de silence.

J'avance, là, sur une ligne, en tentant de prendre de la hauteur pour ne pas me laisser avaler par un fatras de choses qui ne me vont pas, et ça accroche quand même.

C'est dérangeant.

Je n'aime pas qu'on me dérange.
Ou alors pour me bouleverser.

Je suis une fille à grandes émotions je crois.
De celle qui ne vit surement quand se sentant soulevée par tous les sens.
De celle qui ne sent battre le sang dans les veines quand éprouvant des palpitations féroces.
Ca peut bien arriver pour de petits instants volés, des mots dérobés, un souffle d'air .

Ca n'en reste pas moins grand.

C'est sur les nervures des feuilles que ça se passe parfois.
Entre deux fleurs qui penchent.
Sur le toit d'une maison.
Sous la pluie.
Dans la poussière qui noircit mes pieds nus.

Ca arrive aussi soudainement que ça s'étiole.

L’éphémère a un je ne sais quoi de terrifiant pour ça.

Instantanément, je me retrouve catapultée dans un espace blanc.

Je n'aime pas les brouilleurs de silence.

J'aime autant être attentive aux bouts des doigts, au pouls, tout doucement.

Aux tracés de sable qui s'étirent et disparaissent dans l'océan.

Aux nuages saouls de pluie qui n'attendent que de disparaître encore, à l'infini revenir.

A force, je me demande s'il a jamais su me voir.
Je passe mon temps à disparaître.
Pas que je veuille délibérément jouer à cache-cache.
Juste que... c'est mon rythme.
Il y a une histoire de tempo là dessous, quand on gratte un peu pour y voir de plus prêt.
C'est toujours un désaccord de fond.

C'est usant, d'avoir le sentiment d'être un oiseau qu'on voudrait mettre en cage à peine la liberté trouvée.

Je tangue entre le bout de souffle, l'apnée féconde, celle qui porte loin, et l'intensité d'une respiration profonde.

Il me donne l'impression de sauter à pieds joints dans le vide parfois.

Quand je réalise ça, j'ai un réflexe à la con.
Les chutes, c'est risqué.
Calculer la part de risque.
Le pourquoi du saut.
Comme j'ai horreur des chiffres, j'arrête les calculs avant même d'avoir commencé.
Je m'étire dans mon silence, en repoussant dans les coins des lettres qui s'entassent à force.
Enfin, je ne suis pas allée vérifié.
Peut être qu'elles disparaissent.
Ou alors...
Ou alors elles s'empilent, un genre d'architecture étrange, avec ses rythmes et ses principes.
Je ne suis pas allée vérifié.

Je préfère une autre gorgée d'eau.
Et l'horizon qui danse.





samedi 20 octobre 2012

Mon précieux

Saison des pluies - Réveil

Un parfum d'oubli. Un repos de l'être en équilibre sur un point d'horizon fragile.
Un souffle d'exil. Une quête de sens dans un coin de silence, tapis sous les paupières.
Un murmure, à peine.
Un rejet du monde qui déglutie encore avec peine sa rage et sa douleur, et puis...
serrer le monde jusqu'à disparition complète.
Espérer par là entrevoir le jour qui inonde.
Espérer une averse.
Un dernier fracas de ciel brouillé.
Le corps pesant de nuages en délivrance.
C'est tangible.
Immensément.
Un air du temps qui passe en laissant l'empreinte sûre d'un quotidien un rien rouillé.
Conjuguer.
Mâcher doucement les lettres.
Penser les puits asséchés, les eaux diluviennes et les gorges déployées.
Clore le chapitre, au moins en idée, diluer.
Se laisser porter par l'arbre, feuille tremblante dans le vent.
S'alléger du poids des siècles.
S'alléger de la lourdeur des heures sourdes.
Laisser les champs de bataille en préférant apprivoiser un caillou.
Saisir les derniers brins de nuit qui s'effilent.
Dentelle de jour nouveau sur les eaux sombres.
La tiédeur de draps du matin gris délavé.
Les strates sensibles vibrant sous les doigts.
Émerger du dernier rêve pour aller plonger dans une autre transparence moins brouillonne.
Aller y perdre tout ce qu'il reste de moi même.
Le corail poussière sous mes premiers pas.
Vouloir à l'infini l'indigo et les gris qui s'étirent; enlacés.
Les tresses d'embrun et d'écumes.
Le corps presque nu tout habité de silence.
Rafraîchir ma tête de brouillard et de rosée en devinant les cimes.
Une fragilité de brume toujours en train de se dissiper.
L'attente qui n'en est plus une.
La simplicité de l'origine.
Les pieds nus, le sol humide.
Le délice d'être vivante.
Lorsque chaque mouvement tout autour semble parfaire l'extrême immobilité intérieure.
Que l'esprit contemple, en suspension, l'élégance de la nuit qui s'enfuit.

Mes mains de petit jour, les étoiles qui filent entre mes doigts.

Rituel de jour levant où j'étire mes dernières traces de sommeil dans le courant.
Le coeur palpitant une sorte d'amnésie originelle,
la vague me ramenant à l'état virginal
une fois reposée sur le flanc de mon île.




vendredi 19 octobre 2012

I'm going to the roots - Sud Sauvage


 Vacoa, feu qui danse et petites offrandes au bout des doigts...
Natte, chapeau, bertelle


















"Tiens voilà Pinpin" (Private Joke Inside)






dimanche 7 octobre 2012

Blind By The Light


Shuki Nikkon



Meredith Dittmar




 Jennifer Brial



Langdone Graves



Amer Beton



Helmut Newton



Physalis Suspendu



Amer Beton



Christophe Lemaire



Marco Mazzoni



Pez de Tierra



Terakado Yukari



Anna Zwick



Andrea Farina



Augustin Teboul


Rose Wong

mercredi 3 octobre 2012

Au bout des doigts, à bout de bras

Il y a eu mes mains d'enfant
Celle de ma fille dans la mienne maintenant
Il y a eu le manque de la chaleur des mains
La famille cherchée, rapiécée, éclatée
Le temps des silences qui s'étirent
Les mains qui cherchent
Les mains qui trouvent la craie, le stylo, le crayon, le papier, l'aiguille, le crochet
La main sur le coeur
Les doigts ouverts pour apprendre à compter
J'ai jamais su
Les mains dans les poches vides
Le coeur à bout de bras
Les bras ballant attirer trop fort vers le bas
Les mains comme coupées
Les mains qui retrouvent le chemin des caresses
Enfant à chérir
Enfant à protéger
Les mains sans force
Les poings qui se serrent
Les doigts gourent d'effort
Les doigts usés
Les paumes ouvertes pour y lire je ne sais quoi
Les mains jointent
En attendant un miracle ou deux
Les mains sur le visage pour se protéger
Les mains qui cachent les larmes qui ne viennent plus
Les mains saisissant encore un sac de plus en plus léger
Demain, demain c'est loin
Les doigts qui se referment autour de la chaleur qu'il reste
L'étincelle, l'espoir qui tremble
Les doigts, les mains, les bras
Vouloir ériger un rempart autour d'elle
Tracer une route à perte de vue
Voir juste un foyer sûr à l'horizon
Marcher
Savoir le vide et la place qu'il prend
Toute la place
Et puis n'avoir jamais su la sienne
Apprendre, vouloir comprendre, être fascinée par le monde et mutilée
Mutilée du coeur
Amputée des mains

Je n'ai plus envie

Encore une mère ce matin qui parle de son fils en 6eme qui s'est scarifié avec des copains à la demande d'un grand
Ma fille qui va bientôt avoir 4 ans
La famille que je n'ai pas
Le foyer fébrile malgré toute la chaleur de mon amour
Et les efforts qui ne suffisent jamais
La réalité brutale où bâtir sur des ruines, un champ de mines
Avancer
Dans un brouillard opaque avec le regard saturé d'horreur
Avec encore le regard de l'enfance
A ne pas comprendre
Ce monde là
Ces gens là

La télévision, l'ordinateur, le téléphone, la voiture, la maison, le chien

Je n'ai plus envie

Mes dix doigts ont appris
Mes mains ont refusé de taper du poing
Mes paumes veulent simplement se refermer autour des petites mains de ma fille

Je n'ai plus envie

Des lignes
Sans ligne d'horizon
De tracés
Sans voir ma maison
Sans sentir le pas sûr
La cadence rodé d'un quotidien où voir mon enfant poussé
En graine d'espoir tangible

Je n'ai plus envie

Je sais faire
L'essentiel
Et j'aime ça, juste l'essentiel
Le temps de le prendre
Pour le jour et la nuit
De l'oreiller à l'école au coin de la cuisine

Je n'ai jamais rêvé en grand
Ou alors d'un autre monde
Mais on ne change pas les gens
Ni leur violence ni le reste

La main sur le coeur
Ma fille dedans

Le reste

Je n'ai plus envie

mardi 2 octobre 2012

Khanom Chan, Gâteau péi, Ti jacques & bout des doigts


Point de Pandan pour ce truc à couches plutôt gluant
Une couche de songe violet avec de l'eau de jasmin
Une de songe gris à la vanille de Bourbon
Une de chouchou avec de la confiture de chouchou/géranium
Une de banane plantain avec de la cannelle

Je tiens à mon gâteau patate, mes acras de songe et le reste
Mais j'aime autant manger végétal
Et étant accroc à ce genre de texture... c'est pas tellement difficile :)

Pour faire tenir le tout, un mélange de riz gluant, tapioca et maïzena

En version mini, il a eu droit à un peu de crème de marron délayée dans le lait de coco


 C'est que je ne m'arrête pas là

Ils ont des copains à manger version salé
C'était trop tentant...










S'il reste sagement dans l'assiette (pas longtemps...) 
Il côtoie le ti jacques (pas de boucané) et les brédes
Avec les doigts c'est meilleur 
Même que je n'avais pas de feuille de banane sous la main 








Et une p'tite salade
Chou, fenouil, salade verte, haricots plats, graines de soja jaune, pignons de pin et algue nori
Le tout arrosé de vinaigre de riz, huile de sésame, wazabi, siave et ail
Avec du cotonmilli pour finir